Fussli, l'incubo |
Les ténèbres
Dans les caveaux d'insondable tristesse
Où le destin m'a déjà relégué ;
Où jamais n'entre un rayon rose et gai ;
Où seul, avec la nuit, maussade hôtesse,
Je suis comme un peintre qu'un Dieu moqueur
Condamne à peindre, hélas ! Sur les ténèbres ;
Où, cuisinier aux appétits funèbres,
Je fais bouillir et je mange mon cœur,
Par instants brille, et s'allonge, et s'étale
Un spectre fait de grâce et de splendeur.
À sa rêveuse allure orientale,
Quand il atteint sa totale grandeur,
Je reconnais ma belle visiteuse :
C'est elle ! Noire et pourtant lumineuse.
Dans les caveaux d'insondable tristesse
Où le destin m'a déjà relégué ;
Où jamais n'entre un rayon rose et gai ;
Où seul, avec la nuit, maussade hôtesse,
Je suis comme un peintre qu'un Dieu moqueur
Condamne à peindre, hélas ! Sur les ténèbres ;
Où, cuisinier aux appétits funèbres,
Je fais bouillir et je mange mon cœur,
Par instants brille, et s'allonge, et s'étale
Un spectre fait de grâce et de splendeur.
À sa rêveuse allure orientale,
Quand il atteint sa totale grandeur,
Je reconnais ma belle visiteuse :
C'est elle ! Noire et pourtant lumineuse.
Charles Baudelaire, Les fleurs du mal, n. 38, 1
E però leva sù: vinci l'ambascia
con l'animo che vince ogne battaglia,
se col suo grave corpo non s'accascia.
Dante, Inferno, XXIV, 51-53
http://youtu.be/reULiVFHy6M
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