sabato 30 giugno 2012

Joris-Karl Huysmans





J. K. Huysmans            Là-bas                Paris, Garnier-Flammarion, 1978
                                    ( 1891 )




Il romanzo ha come nucleo centrale la storia di Gilles de Rais, sadico barone del Medio Evo dedito al satanismo, e l’occultismo moderno.


( Cap. IV )
Il semble surtout que la passion de l’alchimie l’ait entièrement dominé et qu’il ait tout abandonné pour elle. Car il est à remarquer que cette science qui le jeta dans la démonomanie, alors qu’il espéra créer de l’or et se sauver ainsi d’une misère qu’il voyait poindre, il l’aima, pour elle-même, dans un temps où il était riche. Ce fut, en effet, vers l’année 1426, au moment où l’argent déferlait dans ses coffres, qu’il tenta, pour la première fois, la réussite du grand oeuvre.
Nous le retrouvons donc, penché sur des cornues, dans le château de Tiffauges. J’en suis là, et c’est maintenant que va commencer la série des crimes de magie et de sadisme meurtrier que je veux faire.
— Mais tout cela n’explique pas, dit des Hermies, comment d’homme pieux, il devint soudain satanique, d’homme érudit et placide, violeur de petits enfants, égorgeur de garçons et de filles.
— Je te l’ai déjà dit, les documents manquent pour relier les deux parties de cette vie si bizarrement tranchée ; mais par tout ce que je viens de te narrer, tu peux déjà décider, je crois, bien des fils. Précisons, si tu veux. Cet homme était, je l’ai tout à l’heure noté, un vrai mystique. Il a vu les plus extraordinaires événements que l’histoire ait jamais montrés. La fréquentation de Jeanne d’Arc a certainement suraiguisé ses élans vers Dieu. Or, du mysticisme exalté au satanisme exaspéré, il n’y a qu’un pas. Dans l’au-delà, tout se touche. Il a transporté la furie des prières dans le territoire des à rebours. En cela, il fut poussé, déterminé par cette troupe de prêtres sacrilèges, de manieurs de métaux et d’évocateurs de démons qui l’entourèrent à Tiffauges.
— De sorte que ce serait la Pucelle qui aurait décidé les forfaits de Gilles ?
— Oui, jusqu’à un certain point, si l’on considère qu’elle attisa une âme sans mesure, prête à tout, aussi bien à des orgies de sainteté qu’à des outrances de crimes.
Puis, il n’y eut pas de transition ; aussitôt que Jeanne fut morte, il tomba entre les mains des sorciers qui étaient les plus exquis des scélérats et les plus sagaces des lettrés. Ces gens qui le fréquentèrent à Tiffauges étaient des latinistes fervents, des causeurs prodigieux, possesseurs des arcanes oubliés, détenteurs des vieux secrets. Gilles était évidemment plus fait pour vivre avec eux qu’avec les Dunois et les La Hire. Ces magiciens que tous les biographes s’accordent à représenter, à tort, selon moi, comme de vulgaires parasites et de bas filous, ils étaient, en somme, les patriciens de l’esprit au quinzième siècle ! N’ayant point rencontré de place dans l’Eglise où ils n’eussent certainement accepté qu’une charge de Cardinal ou de Pape, ils ne pouvaient, en ces temps d’ignorance et de troubles, que se réfugier chez un grand seigneur comme Gilles, le seul même, à cette époque, qui fût assez intelligent et assez instruit pour les comprendre.
En résumé, mysticisme naturel d’une part et fréquentation quotidienne de savants hantés par le satanisme, de l’autre. Une misère grandissante à l’horizon et que les volontés du diable pouvaient conjurer, peut-être ; une curiosité ardente, folle, pour les sciences défendues ; tout cela explique que, peu à peu, à mesure que ses liaisons avec le monde des alchimistes et des sorciers se resserrent, il se jette dans l’occulte et soit mené par lui aux plus invraisemblables crimes.
Puis, au point de vue de ces égorgements d’enfants qui ne furent point immédiats, car Gilles ne viola et ne trucida les petits garçons qu’après que l’alchimie fût demeurée vaine, il ne diffère pas bien sensiblement des barons de son temps.
Il les dépasse en faste de débauches, en opulence de meurtres et voilà tout. Et c’est vrai cela ; lis Michelet. Tu y verras que les princes étaient à cette époque des carnassiers redoutables. Il y a là un sire De Giac qui empoisonne sa femme, la met à califourchon sur son cheval et l’entraîne, bride abattue, pendant cinq lieues, jusqu’à ce qu’elle meure. Il y en a un autre dont j’ai perdu le nom, qui empoigne son père, le traîne nu-pieds, dans la neige, puis le jette tranquillement jusqu’à ce qu’il crève, dans une prison en contre-bas. Et combien d’autres ! J’ai sans succès cherché si, pendant les batailles et les razzias, le Maréchal avait accompli de sérieux méfaits. Je n’ai rien découvert, sinon un goût déclaré pour la potence ; car il aimait à faire brancher tous les Français relaps, surpris dans les rangs des Anglais ou dans les villes peu dévouées au Roi.
Le goût de ce supplice, je le retrouverai, plus tard, au château de Tiffauges.
Enfin, pour terminer, ajoute à toutes ces causes un orgueil formidable, un orgueil qui l’incite à dire, pendant son procès : « Je suis né sous une telle étoile que nul au monde n’a jamais fait et ne pourra jamais faire ce que j’ai fait. »
Et, assurément, le Marquis de Sade n’est qu’un timide bourgeois, qu’un piètre fantaisie à côté de lui !
— Comme il est très difficile d’être un saint, dit des Hermies, il reste à devenir un satanique. L’un des deux extrêmes. — L’exécration de l’impuissance, la haine du médiocre, c’est peut-être l’une des plus indulgentes définitions du Diabolisme !
— Peut-être. — On peut avoir l’orgueil de valoir, en crimes, ce qu’un saint vaut en vertus. Tout Gilles de Rais est là !
— C’est égal, c’est un rude sujet à traiter.
— Évidemment ; Satan est terrible au Moyen Age, mais heureusement que les documents abondent.
— Et dans le moderne ? reprit des Hermies qui se leva.
— Comment dans le moderne ?
— Oui, dans le moderne où le satanisme sévit et se rattache par certains fils au Moyen Age.
— Ah ! çà, voyons, tu crois qu’à l’heure actuelle, on évoque le Diable, qu’on célèbre encore des messes noires ?
— Oui.
— Tu en es sûr ?
— Parfaitement.
— Tu me stupéfies ; — mais, saperlotte, sais-tu bien, mon vieux, que si je voyais de telles choses, cela m’aiderait singulièrement pour mon travail. Sans blague, tu crois à un courant démoniaque contemporain, tu as des preuves ?
— Oui, et de cela nous causerons plus tard, car aujourd’hui, je suis pressé. — Tiens, demain soir, chez Carhaix où nous dînons, comme tu sais. — Je viendrai te prendre. — Au revoir ; en attendant, médite ce mot que tu appliquais tout à l’heure aux magiciens : « s’ils étaient entrés dans l’Eglise, ils n’auraient voulu être que Cardinaux ou Papes », et songe en même temps combien est affreux le clergé de nos jours !
L’explication du Diabolisme moderne est là, en grande partie, du moins, car il n’y a pas, sans prêtre sacrilège, de Satanisme mûr.
— Mais enfin qu’est-ce qu’ils veulent, ces prêtres-là ?
— Tout, fit des Hermies.
— Comme Gilles de Rais alors, qui demandait au Démon « Science, Pouvoir, Richesse », tout ce que l’humanité envie, dans des cédules signées de son propre sang !


Al cap. V si fa menzione del De operatione daemonum di Psello. Si riferisce quanto tramanda Psello a proposito degli eretici Manichei. Si noti che anche nel Zanoni di Bulwer-Lytton viene citata l’opera di Psello. Il che denota che il libretto del filosofo bizantino doveva essere abbastanza noto negli ambienti occultistici del secolo scorso.

Le manichéisme, voyez-vous, a eu certainement du bon, puisqu’on l’a noyé dans des flots de sang ; à la fin du douzième siècle, on grilla des milliers d’Albigeois qui pratiquaient cette doctrine. Vous dire maintenant que les manichéens n’aient pas abusé de ce culte qu’ils rendaient surtout au Diable, je n’oserais le soutenir !
Ici, je ne suis plus avec eux, poursuivit-il doucement, après un silence, attendant que Mme Carhaix, qui s’était levée pour emporter les assiettes, allât chercher le boeuf.
— Pendant que nous sommes seuls, reprit-il en la voyant disparaître dans l’escalier, je puis vous raconter ce qu’ils faisaient. Un excellent homme appelé Psellus nous a révélé, dans un livre intitulé De operatione Daemonum, qu’ils goûtaient, au commencement de leurs cérémonies, des deux excréments et qu’ils mêlaient de la semence humaine à leurs hosties.
— Quelle horreur ! s’écria Carhaix.
— Oh ! comme ils communiaient sous les deux Espèces, ils faisaient mieux encore, reprit des Hermies. Ils égorgeaient des enfants, mélangeaient leur sang à de la cendre et cette pâte, délayée dans un breuvage, constituait le Vin Eucharistique.
— Eh ! nous voici en plein Satanisme, dit Durtal.


Cap. VI. Alchimia, pietra filosofale ed elixir di lunga vita come in Zanoni. L’interesse per l’alchimia e l’occulto è tanto vivo in questo romanzo quanto nel libro di Bulwer-Lytton.

Voyons, se dit-il, en roulant une cigarette, nous en sommes au moment où cet excellent Gilles de Rais commence la recherche du grand oeuvre. Il est facile de se figurer les connaissances qu’il possède sur la manière de transmuer les métaux en or.
L’alchimie était déjà très développée, un siècle avant qu’il ne naquît. Les écrits d’Albert le Grand, d’Arnaud de Villeneuve, de Raymond Lulle, étaient entre les mains des hermétiques. Les manuscrits de Nicolas Flamel circulaient ; nul doute que Gilles, qui raffolait des volumes étranges, des pièces rares, ne les ait acquis ; ajoutons qu’à cette époque, l’édit de Charles V, interdisant, sous peine de la prison et de la mort, les travaux spagiriques et que la bulle Spondent pariter quas non exhibent que le pape Jean XXII fulmina contre les alchimistes, étaient encore en vigueur. Ces oeuvres étaient donc défendues et par conséquent enviables ; il est certain que Gilles les a longuement étudiées, mais de là à les comprendre, il y a loin !
Ces livres constituaient, en effet, le plus incroyable des galimatias, le plus inintelligible des grimoires. Tout était en allégories, en métaphores cocasses et obscures, en emblèmes incohérents, en paraboles embrouillées, en énigmes bourrées de chiffres ! Et en voilà un exemple, se dit-il, en prenant, sur un des rayons de sa bibliothèque, un manuscrit qui n’était autre que celui de l’Asch-Mézareph, le livre du Juif Abraham et de Nicolas Flamel, rétabli, traduit et commenté par Eliphas Lévi.
Ce manuscrit lui avait été prêté par des Hermies qui l’avait découvert, un jour, dans d’anciens papiers.
Il y a, soi-disant, là-dedans, la recette de la pierre philisophale, du grand élixir de quintessence et de teinture. Les figures ne sont pas précisément claires, se dit-il, en feuilletant les dessins à la plume rehaussés en couleur représentant dans une bouteille, sous ce titre : « le coït chimique », un lion vert, la tête en bas dans un croissant de lune ; puis, dans d’autres flacons, c’étaient des colombes, tantôt s’élevant vers le goulot, tantôt piquant une tête vers le fond, dans un liquide noir ou ondulé de vagues de carmin et d’or, parfois blanc et granulé de points d’encre, habité par une grenouille ou une étoile, parfois aussi laiteux et confus ou brûlant en flammes de punch, à la surface.
Eliphas Lévi expliquait de son mieux le symbole de ces volatiles en carafes, mais il s’abstenait de donner la fameuse recette du grand magistère, continuait la plaisanterie de ses autres livres où, débutant sur un ton solennel, il affirmait vouloir dévoiler les vieux arcanes et se taisait, le moment venu, sous l’ineffable prétexte qu’il périrait, s’il trahissait d’aussi rugissants secrets.
Cette bourde, reprise par les pauvres occultistes de l’heure actuelle, aidait à masquer la parfaite ignorance de tous ces gens. En somme, la question est simple, se dit Durtal, en fermant le manuscrit de Nicolas Flamel.
Les philosophes hermétiques ont découvert, — et, après avoir longtemps bafouillé, la science contemporaine ne nie plus qu’ils aient raison ; — ils ont découvert que les métaux sont des corps composés et que leur composition est identique. Ils varient donc simplement entre eux, suivant les différentes proportions des éléments qui les combinent ; on peut, dès lors, à l’aide d’un agent qui déplacerait ces proportions, changer les corps, les uns en les autres, transmuer, par exemple, le mercure en argent et le plomb en or.
Et cet agent c’est la pierre philosophale, le mercure ; — non le mercure vulgaire qui n’est pour les alchimistes qu’un sperme métallique avorté, — mais le mercure des philosophes, appelé aussi le lion vert, le serpent, le lait de la Vierge, l’eau pontique.
Seulement la recette de ce mercure, de cette pierre des sages, n’a jamais été révélée ; — et c’est sur elle que le Moyen Age, que la Renaissance, que tous les siècles, y compris le nôtre, s’acharnent.
Et dans quoi ne l’a-t-on pas cherchée ? Se disait Durtal, en compulsant ses notes : dans l’arsenic, le mercure ordinaire, l’étain ; dans les sels de vitriol, de salpêtre et de nitre ; dans les sucs de la mercuriale, de la chélidoine et du pourpier ; dans le ventre des crapauds à jeun, dans les urines humaines, dans les menstrues et le lait des femmes !
Or, Gilles de Rais devait en être là de ses explorations. Il est bien évident qu’à Tiffauges, seul, sans l’aide d’initiés, il était incapable de tenter utilement des fouilles. A cette époque, le centre hermétique était, en France, à Paris où les alchimistes se réunissaient sous les voûtes de Notre-Dame et étudiaient les hiéroglyphes du charnier des Innocents et le portail Saint-Jacques de la Boucherie sur lequel Nicolas Flamel avait, avant sa mort, écrit en de kabbalistiques emblèmes la préparation de la fameuse pierre.
Le Maréchal ne pouvait se rendre à Paris sans tomber dans les troupes anglaises qui barraient les routes ; il choisit le moyen le plus simple, il appela les transmutateurs les plus célèbres du Midi et les fit amener, à grands frais, à Tiffauges.
D’après les documents que nous possédons, nous le voyons faire construire le fourneau des alchimistes, l’athanor, acheter des pélicans, des creusets et des cornues. Il établit des laboratoires dans l’une des ailes de son château et il s’y enferme avec Antoine de Palerme, François Lombard, Jean Petit, orfèvre de Paris, qui s’emploient, jours et nuits, à la coction du grand oeuvre.
Rien ne réussit ; à bout d’expédients, ces hermétistes disparaissent et c’est alors, à Tiffauges, un incroyable va-et-vient de souffleurs et d’adeptes. Il en arrive de tous les points de la Bretagne, du Poitou, du Maine, seuls ou escortés de noueurs d’aiguillettes et de sorcières. Gilles de Sillé, Roger de Bricqueville, cousins et amis du maréchal, parcourent les environs, rabattent le gibier vers Gilles, tandis qu’un prêtre de sa chapelle, Eustache Blanchet, part en Italie, où les manieurs de métaux abondent.
En attendant, Gilles de Rais, sans se décourager, continue ses expériences qui, toutes, ratent ; il finit par croire que décidément les magiciens ont raison, qu’aucune découverte n’est, sans l’aide de Satan, possible.


Cap. IX. Si accenna al sigillo di Salomone. Evidentemente era nota in ambiente occultistico la leggenda dell’anello magico di Salomone. Anche Anton Giulio Barrili in Semiramide ( 1873 ) e ne L’anello di Salomone ( 1883 ) rivela una certa curiosità per l’occulto nell’episodio del rito di iniziazione in Semiramide e nella leggenda di Salomone mago.

Au regard de Durtal, qui fixait ces doigts, il sourit :
— Vous examinez, monsieur, ces bijoux de prix. Ils sont formés par trois métaux, l’or, le platine et l’argent. Cette bague-ci porte un scorpion, le signe sous lequel je suis né ; celle-là, avec ses deux triangles accouplés, l’un, la tête en haut et l’autre, la pointe en bas, reproduit l’image du macrocosme, du sceau de Salomon, du grand pantacle ; quant à cette petite que vous voyez, poursuivit-il, en montrant une bague de femme enchassée d’un minime saphir entre deux roses, c’est un souvenir qui me fut offert par une personne dont je voulus bien tirer l’horoscope.


Cap. XIX. Celebrazione della messa nera ad opera del satanico canonico Docre.

Un enfant de choeur, vêtu de rouge, s’avança vers le fond de la chapelle et alluma une rangée de cierges. Alors l’autel apparut, un autel d’église ordinaire, surmonté d’un tabernacle au-dessus duquel se dressait un Christ dérisoire, infâme. On lui avait relevé la tête, allongé le col et les plis peints aux joues muaient sa face douloureuse en une gueule tordue par un rire ignoble. Il était nu, et à la place du linge qui ceignait ses flancs, l’immondice en émoi de l’homme surgissait d’un paquet de crin. Devant le tabernacle, un calice couvert de la pal était posé ; l’enfant de choeur lissait avec ses mains la nappe de l’autel, ginginait les hanches, se haussait sur un pied, comme pour s’envoler, jouait les chérubins, sous prétexte d’atteindre les cierges noirs dont l’odeur de bitume et de poix s’ajoutait maintenant aux pestilences étouffées de cette pièce.
Durtal reconnut sous la robe rouge le « petit Jésus » qui gardait la porte quand il entre et il comprit le rôle réservé à cet homme dont la sacrilège ordure se substituait à cette pureté de l’enfance que veut l’Église.
Puis, un autre enfant de choeur encore plus hideux s’exhiba. Efflanqué, creusé par les toux, réparé par des carmins et des blancs gras, il boitillait, en chantonnant. Il s’approcha de trépieds qui flanquaient l’autel, remua les braises accouvies dans les cendres et il y jeta des morceaux de résine et des feuilles.
Durtal commençait à s’ennuyer quand Hyacinthe le rejoignit ; elle s’excusa de l’avoir laissé si longtemps seul, l’invita à changer de place et elle le conduisit, derrière toutes les rangées de chaises, très à l’écart.
— Nous sommes donc dans une vraie chapelle ? demanda-t-il.
— Oui, cette maison, cette église, ce jardin que nous avons traversé, ce sont les restes d’un ancien couvent d’Ursulines, maintenant détruit. L’on a pendant longtemps resserré des fourrages dans cette chapelle ; la maison appartenait à un loueur de voitures qui l’a vendue, tenez, à cette dame, — et elle désignait une grosse brune qu’avait entr’aperçue Durtal.
— Et elle est mariée, cette dame ?
— Non, c’est une ancienne religieuse qui fut jadis débauchée par le chanoine Docre.
— Ah ! et ces messieurs qui paraissent vouloir rester dans l’ombre ?
— Ce sont des Sataniques... il y en a un parmi eux qui fut professeur à l’école de Médecine ; il a chez lui un oratoire où il prie la statue de la Vénus Astarté, debout sur un autel.
— Bah !
— Oui ; — il se fait vieux, et ces oraisons démoniaques décuplent ses forces qu’il use avec des créatures de ce genre ; — et elle désigna, d’un geste, les enfants de choeur.
— Vous me garantissez la véracité de cette histoire ?
— Je l’invente si peu que vous la trouverez racontée tout au long dans un journal religieux les Annales de la Sainteté. Et, bien qu’il fût clairement désigné dans l’article, ce monsieur n’a pas osé faire poursuivre ce journal ! — Ah çà, qu’est-ce que vous avez ? Reprit-elle, en le regardant.
— J’ai... que j’étouffe ; l’odeur de ces cassolettes est intolérable !
— Vous vous y habituerez dans quelques secondes.
— Mais qu’est-ce qu’ils brûlent pour que ça pue comme cela ?
— De la rue, des feuilles de jusquiame et de datura, des solanées sèches et de la myrrhe ; ce sont des parfums agréables à Satan, notre maître !
Elle dit cela de cette voix gutturale, changée, qu’elle avait, à certains instants, au lit.
Il la dévisagea ; elle était pâle ; la bouche était serrée, les yeux pluvieux battaient.
— Le voici, murmura-t-elle, tout à coup, pendant que les femmes couraient devant eux, allaient s’agenouiller sur des chaises.
Précédé des deux enfants de choeur, coiffé d’un bonnet écarlate sur lequel se dressaient deux cornes de bison en étoffe rouge, le chanoine entra.
Durtal l’examina, tandis qu’il marchait à l’autel. Il était grand mais mal bâti, tout en buste ; le front dénudé se prolongeait sans courbe en un nez droit ; les lèvres, les joues étaient hérissées de ces poils durs et drus qu’ont les anciens prêtres qui se sont longtemps rasés ; les traits étaient sinueux et gros ; les yeux en pépins de pommes, petits, noirs, serrés près du nez, phosphoraient. Somme toute, sa physionomie était mauvaise et remuée, mais énergique et ces yeux durs et fixes ne ressemblaient pas à ces prunelles fuyantes et sournoises que s’était imaginé Durtal.
Il s’inclina solennellement devant l’autel, monta les gradins, et commença sa messe.
Durtal vit alors qu’il était, sous les habits du sacrifice, nu. Ses chairs refoulées par des jarretières attachées haut, apparaissaient au-dessus de ses bas noirs. La chasuble avait la forme ordinaire des chasubles, mais elle était du rouge sombre du sang sec et, au milieu, dans un triangle autour duquel fusait une végétation de colchiques, de sabines, de pommes-vinettes et d’euphorbes, un bouc noir, debout, présentait les cornes.
Docre faisait les génuflexions, les inclinations médiocres ou profondes, spécifiées par le rituel ; les enfants de choeur, à genoux, débitaient les répons latins, d’une voix cristalline qui chantait sur les fins de mots.
— Ah çà, mais c’est une simple messe basse, dit Durtal à Mme Chantelouve.
Elle fit signe que non. En effet, à ce moment, les enfants de choeur passèrent derrière l’autel, rapportèrent, l’un, des réchauds de cuivre, l’autre, des encensoirs qu’ils distribuèrent aux assistants. Toutes les femmes s’enveloppèrent de fumée ; quelques-unes se jetèrent la tête sur les réchauds, humèrent l’odeur à plein nez, puis, défaillantes, se dégrafèrent, en poussant des soupirs rauques.
Alors le sacrifice s’interrompit. Le prêtre descendit à reculons les marches, s’agenouilla sur la dernière et, d’une voix trépidante et aiguë, il cria :
— « Maître des Esclandres, Dispensateur des bienfaits du crime, Intendant des somptueux péchés et des grands vices, Satan, c’est toi que nous adorons, Dieu logique, Dieu juste !
( … )
— Amen, crièrent les voix cristallines des enfants de choeur.
Durtal écoutait ce torrent de blasphèmes et d’insultes ; l’immondice de ce prêtre le stupéfiait ; un silence succéda à ces hurlements ; la chapelle fumait dans la brume des encensoirs. Les femmes jusqu’alors taciturnes s’agitèrent, alors que, remonté à l’autel, le chanoine se tourna vers elles et les bénit, de la main gauche, d’un grand geste.
Et soudain les enfants de choeur agitèrent des sonnettes.
Ce fut comme un signal ; des femmes tombées sur les tapis se roulèrent. L’une sembla mue par un ressort, se jeta sur le ventre et rama l’air avec ses pieds ; une autre subitement atteinte d’un strabisme hideux, gloussa, puis, devenue aphone, resta, la mâchoire ouverte, la langue retroussée, la pointe dans le palais, an haut ; une autre, bouffie, livide, les pupilles dilatées, se renversa la tête sur les épaules puis la redressa d’un jet brusque, et se laboura en râclant la gorge avec ses ongles ; une autre encore, étendue sur les reins, défit ses jupes, sortit une panse nue, météorisée, énorme, puis se tordit en d’affreuses grimaces, tira, sans pouvoir la rentrer, une langue blanche déchirée sur les bords, d’une bouche en sang, hersée de dents rouges.
Du coup, Durtal se leva pour mieux voir, et distinctement, il entendit et il aperçut le chanoine Docre.
Il contemplait le Christ qui surmontait le tabernacle, et, les bras écartés, il vomissait d’effrayants outrages, gueulait, à bout de force, des injures de cocher ivre. Un des enfants de choeur s’agenouilla devant lui, en tournant le dos à l’autel. Un frisson parcourut l’échine du prêtre. D’un ton solennel, mais d’une voix clignotante, il dit : « Hoc est enim corpus meum », puis, au lieu de s’agenouiller, après la consécration, devant le précieux corps, il fit face aux assistants et il apparut, tuméfié, hagard, ruisselant de sueur.
Il titubait entre les deux enfants de choeur qui, relevant la chasuble, montrèrent son ventre nu, le tinrent, tandis que l’hostie, qu’il ramenait devant lui, sautait, atteinte et souillée, sur les marches.
Alors Durtal se sentit frémir, car un vent de folie secoua la salle. L’aura de la grande hystérie suivit le sacrilège et courba les femmes ; pendant que les enfants de choeur encensaient la nudité du pontife, des femmes se ruèrent sur le Pain Eucharistique et, à plat ventre, au pied de l’autel, le griffèrent, arrachèrent des parcelles humides, burent et mangèrent cette divine ordure.
Une autre, accroupie sur un crucifix, éclata d’un rire déchirant puis cria : mon prêtre, mon prêtre ! Une vieille s’arracha les cheveux, bondit, pivota sur elle-même, se ploya, ne tint plus que sur un pied, s’abattit près d’une jeune fille qui, blottie le long d’un mur, craquait dans des convulsions, bavait de l’eau gazeuse, crachait, en pleurant, d’affreux blasphèmes. Et Durtal, épouvanté, vit, dans la fumée, ainsi qu’au travers d’un brouillard, les cornes rouges de Docre qui, maintenant assis, écumait de rage, mâchait des pains azymes, les recrachait, se tordait avec, en distribuait aux femmes ; et elles les enfouissaient en bramant, ou se culbutaient, les unes sur les autres, pour les violer.
C’était un cabanon exaspéré d’hospice, une monstrueuse étuve de prostituées et de folles. Alors, tandis que les enfants de choeur s’alliaient aux hommes, que la maîtresse de la maison, montait, retroussée, sur l’autel, empoignait, d’une main, la hampe du Christ et ramenait de l’autre le calice sous ses jambes nues, au fond de la chapelle, dans l’ombre, une enfant, qui n’avait pas encore bougé, se courba tout à coup en avant et hurla à la mort, comme une chienne !
Excédé de dégoût, à moitié asphyxié, Durtal voulut fuir. Il chercha Hyacinthe mais elle n’était plus là. Il finit par l’apercevoir auprès du chanoine ; il enjamba les corps enlacés sur les tapis et s’approcha d’elle. Les narines frémissantes, elle humait les exhalaisons des parfums et des couples.
— L’odeur du sabbat ! lui dit-elle, à mi-voix, les dents serrées.
— Ah çà, venez-vous, à la fin ?
Elle sembla s’éveiller, eut un moment d’hésitation, puis sans rien répondre, elle le suivit.


Cap. XX. Teurgia. Il dottor Johannès combatte con l’aiuto degli spiriti buoni l’incantesimo operato dal malvagio Docre contro l’astrologo Gévingey.
Cap. XXI. Si fa menzione del romanzo di Bulwer-Lytton, Zanoni ( 1842 ), a proposito dello spiritismo.


lunedì 25 giugno 2012

Gabriele D’Annunzio, " Il piacere "





Gabriele D’Annunzio      Il piacere                Milano, Mondadori, 1987


L’autore è imbevuto della lettura dei romanzi francesi di Gautier e di Flaubert, il cui stile prende a modello, inoltre mostra di avere assimilato la lezione di Schopenhauer ( Il mondo come volontà e rappresentazione ).
Andrea Sperelli ama due donne che sono l’una l’opposto dell’altra. Elena Muti è la “vampira”, bellissima e perversa, ama d’un amore egoistico, possessivo, distruttivo. Maria Ferres è la donna angelicata, pura, bella d’una bellezza verginale, altruista come una santa, casta come una suora.
Per il gusto dell’arredamento lo scrittore ha ampiamente attinto alla sua attività di giornalista mondano, ora raccolta in Cronache romane. I ritratti di gentildonne del Piacere sono già ad es. nella “ Cronachetta delle pellicce “ o nell’articolo “ In casa Orsini “, una vera e propria galleria di ritratti in pompa magna di nobildonne bellissime e “flave”.

Cap. II

Il conte Andrea Sperelli-Fieschi d’Ugenta, unico erede, proseguiva la tradizion familiare. Egli era, in verità, l’ideal tipo del giovine signore italiano del XIX secolo, il legittimo campione d’una stirpe di gentiluomini e di artisti eleganti, ultimo discendente d’una razza intelettuale.
Egli era, per così dire, tutto impregnato di arte. La sua adolescenza, nutrita di studii varii e profondi, parve prodigiosa. Egli alternò, fino a’venti anni, le lunghe letture coi lunghi viaggi in compagnia del padre e potè compiere la sua straordinaria educazione estetica sotto la cura paterna, senza restrizioni e constrizioni di pedagoghi. Dal padre a punto ebbe il gusto delle cose d’arte, il culto passionato della bellezza, il paradossale disprezzo de’ pregiudizii, l’avidità del piacere.
Questo padre, cresciuto in mezzo alli estremi splendori della corte borbonica, sapeva largamente vivere; aveva una scienza profonda della vita voluttuaria e insieme una certa inclinazione byroniana al romanticismo fantastico. Lo stesso suo matrimonio era avvenuto in circostanze quasi tragiche, dopo una furiosa passione. Quindi egli aveva turbata e travagliata in tutti i modi la pace coniugale. Finalmente s’era diviso dalla moglie ed aveva sempre tenuto seco il figliuolo, viaggiando con lui per tutta l’Europa.
L’educazione d’Andrea era dunque, per così dire, viva, cioè fatta non tanto su i libri quanto in conspetto delle realità umane. Lo spirito di lui non era soltanto corrotto dall’alta cultura ma anche dall’esperimento; e in lui la curiosità diveniva più acuta come più si allargava la conoscenza. Fin dal principio egli fu prodigo di sè; poichè la grande forza sensitiva, ond’egli era dotato, non si stancava mai di fornire tesori alle sue prodigalità. Ma l’espansion di quella sua forza era la distruzione in lui di un’altra forza, della forza morale che il padre stesso non aveva ritegno a deprimere. Ed egli non si accorgeva che la sua vita era la riduzion progressiva delle sue facoltà, delle sue speranze, del suo piacere, quasi una progressiva rinunzia; e che il circolo gli si restringeva sempre più d’intorno, inesorabilmente se ben con lentezza.
Il padre gli aveva dato, tra le altre, questa massima fondamentale: “Bisogna fare la propria vita, come si fa un’opera d’arte. Bisogna che la vita d’un uomo d’intelletto sia opera di lui. La superiorità vera è tutta qui.„
Anche, il padre ammoniva: “Bisogna conservare ad ogni costo intiera la libertà, fin nell’ebrezza. La regola dell’uomo d’intelletto, eccola: ― Habere, non haberi.
Anche, diceva: “Il rimpianto è il vano pascolo d’uno spirito disoccupato. Bisogna sopra tutto evitare il rimpianto occupando sempre lo spirito con nuove sensazioni e con nuove imaginazioni.„
Ma queste massime volontarie, che per l’ambiguità loro potevano anche essere interpretate come alti criterii morali, cadevano appunto in una natura involontaria, in un uomo, cioè, la cui potenza volitiva era debolissima.
Un altro seme paterno aveva perfidamente fruttificato nell’animo di Andrea: il seme del sofisma. “Il sofisma„ diceva quell’incauto educatore “è in fondo ad ogni piacere e ad ogni dolore umano. Acuire e moltiplicare i sofismi equivale dunque ad acuire e moltiplicare il proprio piacere o il proprio dolore. Forse, la scienza della vita sta nell’oscurare la verità. La parola è una cosa profonda, in cui per l’uomo d’intelletto son nascoste inesauribili ricchezze. I Greci, artefici della parola, sono in fatti i più squisiti goditori dell’antichità. I sofismi fioriscono in maggior numero al secolo di Pericle, al secolo gaudioso.„
Un tal seme trovò nell’ingegno malsano del giovine un terreno propizio. A poco a poco, in Andrea la menzogna non tanto verso li altri quanto verso sè stesso divenne un abito così aderente alla conscienza ch’egli giunse a non poter mai essere interamente sincero e a non poter mai riprendere su sè stesso il libero dominio.
Dopo la morte immatura del padre, egli si trovò solo, a ventun anno, signore d’una fortuna considerevole, distaccato dalla madre, in balìa delle sue passioni e de’ suoi gusti. Rimase quindici mesi in Inghilterra. La madre passò in seconde nozze, con un amante antico. Ed egli venne a Roma, per predilezione.
Roma era il suo grande amore: non la Roma dei Cesari ma la Roma dei Papi; non la Roma degli Archi, delle Terme, dei Fòri, ma la Roma delle Ville, delle Fontane, delle Chiese. Egli avrebbe dato tutto il Colosseo per la Villa Medici, il Campo Vaccino per la Piazza di Spagna, l’Arco di Tito per la Fontanella delle Tartarughe. La magnificenza principesca dei Colonna, dei Doria, dei Barberini l’attraeva assai più della ruinata grandiosità imperiale. E il suo gran sogno era di possedere un palazzo incoronato da Michelangelo e istoriato dai Caracci, come quello Farnese; una galleria piena di Raffaelli, di Tiziani, di Domenichini, come quella Borghese; una villa, come quella d’Alessandro Albani, dove i bussi profondi, il granito rosso d’Oriente, il marmo bianco di Luni, le statue della Grecia, le pitture del Rinascimento, le memorie stesse del luogo componessero un incanto in torno a un qualche suo superbo amore. In casa della marchesa d’Ateleta sua cugina, sopra un albo di confessioni mondane, accanto alla domanda “Che vorreste voi essere?„ egli aveva scritto “Principe romano.„
Giunto a Roma in sul finir di settembre del 1884, stabilì il suo home nel palazzo Zuccari, alla Trinità de’ Monti, su quel dilettoso tepidario cattolico dove l’ombra dell’obelisco di Pio VI segna la fuga delle Ore. Passò tutto il mese di ottobre tra le cure degli addobbi; poi, quando le stanze furono ornate e pronte, ebbe nella nuova casa alcuni giorni d’invincibile tristezza. Era una estate di San Martino, una primavera de’ morti, grave e soave, in cui Roma adagiavasi, tutta quanta d’oro come una città dell’Estremo Oriente, sotto un ciel quasi latteo, diafano come i cieli che si specchiano ne’ mari australi.
Quel languore dell’aria e della luce, ove tutte le cose parevano quasi perdere la loro realità e divenire immateriali, mettevano nel giovine una prostrazione infinita, un senso inesprimibile di scontento, di sconforto, di solitudine, di vacuità, di nostalgia. Il malessere vago proveniva forse anche dalla mutazione del clima, delle abitudini, delli usi. L’anima converte in fenomeni psichici le impressioni dell’organismo mal definite, a quella guisa che il sogno trasforma secondo la sua natura gli incidenti del sonno.
Certo egli ora entrava in un novello stadio. ― Avrebbe alfin trovato la donna e l’opera capaci d’impadronirsi del suo cuore e di divenire il suo scopo? ― Non aveva dentro di sè la sicurezza della forza nè il presentimento della gloria o della felicità. Tutto penetrato e imbevuto di arte, non aveva ancóra prodotto nessuna opera notevole. Avido d’amore e di piacere, non aveva ancóra interamente amato nè aveva ancor mai goduto ingenuamente. Torturato da un Ideale, non ne portava ancóra ben distinta in cima de’ pensieri l’imagine. Aborrendo dal dolore per natura e per educazione, era vulnerabile in ogni parte, accessibile al dolore in ogni parte.
Nel tumulto delle inclinazioni contraddittorie egli aveva smarrito ogni volontà ed ogni moralità. La volontà, abdicando, aveva ceduto lo scettro agli istinti; il senso estetico aveva sostituito il senso morale. Ma codesto senso estetico a punto, sottilissimo e potentissimo e sempre attivo, gli manteneva nello spirito un certo equilibrio; così che si poteva dire che la sua vita fosse una continua lotta di forze contrarie chiusa ne’ limiti d’un certo equilibrio. Li uomini d’intelletto, educati al culto della Bellezza, conservano sempre, anche nelle peggiori depravazioni, una specie di ordine. La concezion della Bellezza è, dirò così, l’asse del loro essere interiore, intorno al quale tutte le loro passioni gravitano.


 


Cap. VI

Il giovine, disteso all’ombra o addossato a un tronco o seduto su una pietra, credeva di sentire in sè medesimo scorrere il fiume del tempo; con una specie di tranquillità catalettica, credeva sentir vivere nel suo petto l’intero mondo; con una specie di religiosa ebrietà, credeva posseder l’infinito. Quel ch’ei provava era ineffabile, non esprimibile neppur con le parole del mistico: “Io sono ammesso dalla natura nel più secreto delle sue divine sedi, alla sorgente della vita universa. Quivi io sorprendo la causa del moto e odo il primo canto delli esseri in tutta la sua freschezza.„ La vista a poco a poco mutávaglisi in visione profonda e continua; i rami delli alberi sul suo capo gli parevan sollevare il cielo, ampliare l’azzurro, risplendere come corone d’immortali poeti; ed egli contemplava ed ascoltava, respirando col mare e con la terra, placido come un dio.
Dov’eran mai tutte le sue vanità e le sue crudeltà e i suoi artifici e le sue menzogne? Dov’erano gli amori e gli inganni e i disinganni e i disgusti e le incurabili ripugnanze dopo il piacere? Dov’erano quegli immondi e rapidi amori che gli lasciavan nella bocca come la strana acidezza di un frutto tagliato con un coltello d’acciajo? Egli non si ricordava più di nulla. Il suo spirito avea fatto una grande renunziazione. Un altro principio di vita entrava in lui; qualcuno entrava in lui, segreto, il quale sentiva la pace profondamente. Egli riposava, poichè non desiderava più.
Il desiderio aveva abbandonato il suo regno; l’intelletto nell’attività seguiva libero le sue proprie leggi e rispecchiava il mondo oggettivo come un puro soggetto della conoscenza; le cose apparivano nella lor forma vera, nel lor vero colore, nella vera ed intera lor significazione e bellezza, precise, chiarissime; spariva ogni sentimento della persona. In questa temporanea morte del desiderio, in questa temporanea assenza della memoria, in questa perfetta oggettività della contemplazione appunto era la causa del non mai provato godimento.

Die Sterne, die begehrt man nicht,
Man freut sich ihrer Pracht.

“Le stelle, uom non le desidera, ― ma gioisce del lor fulgore.„ Per la prima volta, infatti, il giovine conobbe tutta l’armoniosa poesia notturna de’ cieli estivi.
Erano le ultime notti d’agosto, senza luna. Innumerevoli, nella profonda conca, palpitava la vita ardente delle constellazioni. Le Orse, il Cigno, Ercole, Boote, Cassiopea riscintillavano con un palpito così rapido e così forte che quasi parevano essersi appressati alla terra, essere entrati nell’atmosfera terrena. La Via Lattea svolgevasi come un regal fiume aereo, come un adunamento di riviere paradisiache, come una immensa correntía silenziosa che traesse nel suo “miro gurge„ una polvere di minerali siderei, passando sopra un álveo di cristallo, tra falangi di fiori. Ad intervalli, meteore lucide rigavano l’aria immobile, con la discesa lievissima e tacita d’una goccia d’acqua su una lastra di diamante. Il respiro del mare, lento e solenne, bastava solo a misurare la tranquillità della notte, senza turbarla; e le pause eran più dolci del suono.
Ma questo periodo di visioni, di astrazioni, di intuizioni, di contemplazioni pure, questa specie di misticismo buddhistico e quasi direi cosmogonico, fu brevissimo. Le cause del raro fenomeno, oltre che nella natura plastica del giovine e nella sua attitudine alla oggettività, eran forse da ricercarsi nella singolar tensione e nella estrema impressionabilità del suo sistema nervoso cerebrale. A poco a poco, egli incominciò a riprender coscienza di sè stesso, a ritrovare il sentimento della sua persona, a rientrare nella sua corporeità primitiva. Un giorno, nell’ora meridiana, mentre la vita delle cose pareva sospesa, il grande e terribile silenzio gli lasciò vedere dentro, d’improvviso, abissi vertiginosi, bisogni inestinguibili, indistruttibili ricordi, cumuli di sofferenza e di rimpianto, tutta la sua miseria d’un tempo, tutti i vestigi del suo vizio, tutti gli avanzi delle sue passioni.
Da quel giorno, una malinconia pacata ed uguale gli occupò l’anima; ed egli vide in ogni aspetto delle cose uno stato dell’anima sua. Invece di transmutarsi in altre forme di esistenza o di mettersi in altre condizioni di conscienza o di perdere l’esser suo particolare nella vita generale, ora egli presentava i fenomeni contrarii, involgendosi d’una natura ch’era una concezion tutta soggettiva del suo intelletto. Il paesaggio divenne per lui un simbolo, un emblema, un segno, una scorta che lo guidava a traverso il labirinto interiore. Segrete affinità egli scopriva tra la vita apparente delle cose e l’intima vita de’ suoi desiderii e de’ suoi ricordi. “To me ― High mountains are a feeling.„ Come nel verso di Giorgio Byron le montagne, per lui erano un sentimento le marine. Chiare marine di settembre! ― Il mare, calmo e innocente come un fanciullo addormentato, si distendeva sotto un cielo angelico di perla. Talvolta appariva tutto verde, del fino e prezioso verde d’una malachite; e, sopra, le piccole vele rosse somigliavano fiammelle erranti. Talvolta appariva tutto azzurro, d’un azzurro intenso, quasi direi araldico, solcato di vene d’oro, come un lapislázuli; e, sopra, le vele istoriate somigliavano una processione di stendardi e di gonfaloni e di pavesi cattolici. Anche, talvolta prendeva un diffuso luccicore metallico, un color pallido di argento, misto del color verdiccio d’un limone maturo, qualche cosa d’indefinibilmente strano e delicato; e, sopra, le vele erano pie ed innumerevoli come le ali de’ cherubini ne’ fondi delle ancóne giottesche.
Il convalescente rinveniva sensazioni obliate della puerizia, quell’impression di freschezza che dánno al sangue puerile gli aliti del vento salso, quegli inesprimibili effetti che fanno le luci, le ombre, i colori, gli odori delle acque su l’anima vergine. Il mare non soltanto era per lui una delizia delli occhi, ma era una perenne onda di pace a cui si abbeveravano i suoi pensieri, una magica fonte di giovinezza in cui il suo corpo riprendeva la salute e il suo spirito la nobiltà. Il mare aveva per lui l’attrazion misteriosa d’una patria; ed egli vi si abbandonava con una confidenza filiale, come un figliuol debole nelle braccia d’un padre onnipossente. E ne riceveva conforto; poichè nessuno mai ha confidato il suo dolore, il suo desiderio, il suo sogno al mare in vano. Il mare aveva sempre per lui una parola profonda, piena di rivelazioni subitanee, d’illuminazioni improvvise, di significazioni inaspettate. Gli scopriva nella segreta anima un’ulcera ancor viva sebben nascosta e glie la faceva sanguinare; ma il balsamo poi era più soave. Gli scoteva nel cuore una chimera dormente e glie la incitava così ch’ei ne sentisse di nuovo le unghie e il rostro; ma glie la uccideva poi e glie la seppelliva nel cuore per sempre. Gli svegliava nella memoria una ricordanza e glie l’avvivava così ch’ei sofferisse tutta l’amarezza del rimpianto verso le cose irrimediabilmente fuggite; ma gli prodigava poi la dolcezza d’un oblio senza fine. Nulla entro quell’anima rimaneva celato, al conspetto del gran consolatore. Alla guisa che una forte corrente elettrica rende luminosi i metalli e rivela la loro essenza dal color della loro fiamma, la virtù del mare illuminava e rivelava tutte le potenze e le potenzialità di quell’anima umana.
In certe ore il convalescente, sotto l’assiduo dominio d’una tal virtú, sotto l’assiduo giogo d’un tal fascino, provava una specie di smarrimento e quasi di sbigottimento, come se quel dominio e quel giogo fossero per la sua debolezza insostenibili. In certe ore aveva dal colloquio incessante tra la sua anima e il mare un senso vago di prostrazione, come se quel gran verbo gli facesse troppa violenza all’angustia dell’intelletto avido di comprendere l’incomprendibile. Una tristezza delle acque lo sconvolgeva come una sventura.
Un giorno, egli si vide perduto. Vapori sanguigni e maligni ardevano all’orizzonte, gittando sprazzi di sangue e d’oro sul fosco delle acque; un viluppo di nuvoli paonazzi ergevasi da’ vapori, simile a una zuffa di centauri immani sopra un vulcano in fiamme; e per quella luce tragica un corteo funebre di vele triangolari nereggiava su l’ultimo limite. Erano vele d’una tinta indescrivibile, sinistre come le insegne della morte; segnate di croci e di figure tenebrose; parevano vele di navigli che portassero cadaveri di appestati a una qualche maledetta isola popolata di avvoltoi famelici. Un senso umano di terrore e di dolore incombeva su quel mare, un accasciamento d’agonia gravava su quell’aria. Il fiotto sgorgante dalle ferite de’ mostri azzuffati non restava mai, anzi cresceva in fiumi che arrossavano le acque per tutto lo spazio, sino alla sponda, facendosi qua e là violaceo e verdastro come per corruzione. Di tratto in tratto il viluppo crollava, i corpi si deformavano o si squarciavano, lembi sanguinosi pendevano giù dal cratere o sparivano inghiottiti dall’abisso. Poi, dopo il gran crollo, rigenerati, i giganti balzavan di nuovo alla lotta, più atroci; il cumulo si ricomponeva, più enorme; e ricominciava la strage, più rossa, finchè i combattenti rimanevan esangui tra la cenere del crepuscolo, esanimi, disfatti, sul vulcano semispento.
Pareva un episodio d’una qualche titanomachia primitiva, uno spettacolo eroico, visto, a traverso un lungo ordine di età, nel cielo della favola. Andrea, con l’animo sospeso, seguiva tutte le vicende. Abituato alle tranquille discese dell’ombra, in quella declinazion serena dell’estate, ora si sentiva dall’insolito contrasto riscuotere e sollevare e intorbidare con una strana violenza. Da prima, fu come un’angoscia confusa, tumultuaria, piena di palpiti inconsapevoli. Affascinato dal tramonto bellicoso, egli non anche giungeva a veder chiaramente in sè medesimo. Ma, quando la cenere del crepuscolo piovve spegnendo ogni guerra e il mare sembrò un’immensa palude plumbea, egli credè udire nell’ombra il grido dell’anima sua, il grido d’altre anime.
Era dentro di lui, come un cupo naufragio nell’ombra. Tante tante voci chiamavano al soccorso, imploravano aiuto, imprecavano alla morte; voci note, voci ch’egli aveva un tempo ascoltate (voci di creature umane o di fantasmi?); ed ora non distingueva l’una dall’altra! Chiamavano, imploravano, imprecavano inutilmente, sentendosi perire; s’affievolivano soffocate dall’onda vorace; divenivano deboli, lontane, interrotte, irriconoscibili; divenivano un gemito; s’estinguevano; non risorgevano più.
Egli restava solo. Di tutta la sua giovinezza, di tutta la sua vita interiore, di tutte le sue idealità non restava nulla. Dentro di lui non restava che un freddo abisso vacuo; d’intorno a lui, una natura impassibile, fonte perenne di dolore per l’anima solitaria. Ogni speranza era spenta; ogni voce era muta; ogni áncora era rotta. A che vivere?




venerdì 22 giugno 2012

Friedrich Wilhelm Nietzsche




Friedrich Wilhelm Nietzsche           Su verità e menzogna in senso extramorale


Noi continuiamo a non sapere da dove scaturisca l'impulso alla verità: giacché noi finora ab­biamo preso atto del dovere, che la società impone per esistere, di essere sinceri, e cioè di usare le metafore secondo le consuetudini; il che significa, da un punto di vista morale: noi abbiamo preso atto del dovere di mentire secondo una salda convenzione, di mentire cioè tutti insieme in uno stile vincolante per tutti. Ora, certamente l'uomo si dimentica che le cose stan­no così; dunque egli mente nel modo indicato, incoscientemente e per con­suetudini secolari — e proprio attraverso questa incoscienza, proprio attra­verso questo dimenticare egli perviene al sentimento della verità. Insieme con il sentimento d'essere obbligato a designare una cosa come rossa, una seconda come fredda e una terza come muta, sorge in lui un impulso che ha per scopo la verità: per contrasto con il mentitore, cui nessuno crede e che tutti escludono, l'uomo si convince della dignità, della fidatezza e del­l'utilità della verità.

Soltanto attraverso la dimenticanza di quel primitivo mondo di metafo­re, soltanto attraverso l'indurimento e l'irrigidimento di una originaria massa di immagini sgorgante con flusso impetuoso da quella facoltà origi­naria che è la fantasia umana, solo attraverso la fede invincibile che questo sole, questa finestra, questo tavolo siano delle verità in sé, in breve solo se l’uomo si dimentica di sé come soggetto e anzi come soggetto che crea artisticamenìe, egli può vivere con tranquillità, con sicurezza e con coerenza; se gli fosse possibile uscire solo per un attimo dalle pareti di questa fede che lo tiene prigioniero, immediatamente della sua «autocoscienza» non ne sarebbe più nulla. Già gli costa molta fatica ammettere che l'insetto o l'uc­cello percepiscono un mondo del tutto diverso rispetto a quello dell'uomo, e che chiedersi quale sia la più giusta delle due percezioni è assolutamente privo di senso, poiché qui si dovrebbe misurare in base al paradigma della giusta percezione e cioè in base a un paradigma che non esiste. Ma in gene­rale a me sembra che la giusta percezione — il che significherebbe l'espres­sione adeguata di  un oggetto nel soggetto — sia un'assurdità contraddittoria: infatti tra due sfere assolutamente separate come tra soggetto e oggetto non c'è nessuna causalità, ma semmai una relazione estetica, ossia, secon­do me, una trasposizione allusiva, una traduzione che tenta di fare il verso in un linguaggio dei tutto estraneo. Ma a tale fine ci vorrebbe comunque una sfera intermedia e una forza intermedia in cui liberamente poetare e inventare. La parola apparenza contiene molte seduzioni, perciò io la evito il più possibile: infatti non è vero che l'essenza delle cose si manifesti nel mondo empirico. Un pittore, cui mancassero le mani e che volesse esprime­re con il canto l'immagine che gli si agita di fronte, svelerà sempre qualco­sa in più con questo scambio di ambiti di quanto il mondo empirico non sveli dell'essenza delle cose. Perfino il rapporto tra uno stimolo nervoso e l'immagine che ne è ricavata non è necessario; quando però la stessa imma­gine è ricavata milioni di volte e trasmessa per molte generazioni, finendo con l'apparire sempre a tutti gli uomini come lo stesso esito d'uno stesso principio, allora finisce per acquistare per tutti lo stesso significato, quasi che fosse l'unica immagine necessaria e quasi che quel rapporto tra l'origi­nario stimolo nervoso e l'immagine indotta sia uno stretto rapporto di cau­salità; così come un sogno, che si ripetesse eternamente, sarebbe senz'altro sentito e giudicato come realtà. Ma l'indurimento e l'irrigidimento di una metafora non accreditano per niente la necessarietà e l'inconfutabile giustezza di questa metafora.


Nietzsche nega l’evidenza cartesiana e l’intuizione di spazio e di tempo kantiana, con ciò demolisce tutta la filosofia occidentale. Nietzsche nega con la sua argomentazione anche l’esistenza di Dio in quanto ( vedi Alcinoo, Didascalikos, 164 ) nega la verità ( e Dio è verità, poiché è principio di ogni verità, come il sole è principio di ogni luce ). A ciò infatti si collega la concezione cartesiana del dubbio e dell’evidenza. Si vedano le Meditazioni metafisiche e il Discorso sul metodo di Descartes : “Je pense, donc je suis. “ ( Discours de la méthode, pag. 44, ed. Laterza ) e nelle Meditationes : “ … illud omne esse verum, quod valde clare et distincte percipio. “
La negazione della validità dell’intuizione spazio-temporale è in contrasto con l’affermazione kantiana. Vedi “ Estetica trascendentale “ in Critica della ragion pura, pag. 53, ed. Laterza.
Ecco l’argomentazione cartesiana nelle Meditationes :

In tantas dubitationes hesternâ meditatione conjectus sum, ut nequeam ampliùs earum oblivisci, nec videam tamen quâ ratione solvendae sint; sed, tanquam in profundum gurgitem ex improviso delapsus, ita turbatus sum, ut nec possim in imo pedem figere, nec enatare ad summum. Enitar tamen & tentabo rursus eandem viam quam heri fueram ingressus, removendo scilicet illud omne quod vel minimum dubitationis admittit, nihilo secius quàm si omnino falsum esse comperissem; pergamque porro donec aliquid certi, vel, si nihil aliud, saltem hoc ipsum pro certo, nihil esse certi, cognoscam. Nihil nisi punctum petebat Archimedes, quod esset firmum & immobile, ut integram terram loco dimoveret; magna quoque speranda sunt, si vel minimum quid invenero quod certum sit & inconcussum.
2. Suppono igitur omnia quae video falsa esse; credo nihil unquam extitisse eorum quae mendax memoria repraesentat; nullos plane habeo sensus; corpus, figura, extensio, motus, locusque sunt chimerae. Quid igitur erit verum? Fortassis hoc unum, nihil esse certi.
3. Sed unde scio nihil esse diversum ab iis omnibus quae jam jam recensui, de quo ne minima quidem occasio sit dubitandi? Nunquid est aliquis Deus, vel quocunque nomine illum vocem, qui mihi has ipsas cogitationes immittit? Quare verò hoc putem, cùm forsan ipsemet illarum author esse possim? Nunquid ergo saltem ego aliquid sum? Sed jam negavi me habere ullos sensus, & ullum corpus. Haereo tamen; nam quid [25] inde? Sumne ita corpori sensibusque alligatus, ut sine illis esse non possim? Sed mihi persuasi nihil plane esse in mundo, nullum coelum, nullam terram, nullas mentes, nulla corpora; nonne igitur etiam me non esse? Imo certe ego eram, si quid mihi persuasi. Sed est deceptor nescio quis, summe potens, summe callidus, qui de industriâ me semper fallit. Haud dubie igitur ego etiam sum, si me fallit; & fallat quantum potest, nunquam tamen efficiet, ut nihil sim quamdiu me aliquid esse cogitabo. Adeo ut, omnibus satis superque pensitatis, denique statuendum sit hoc pronuntiatum, Ego sum, ego existo, quoties a me profertur, vel mente concipitur, necessario esse verum.



giovedì 21 giugno 2012

Marcel Proust






Marcel Proust          A l’ombre des jeunes filles en fleurs



Un jour, à l’heure du courrier, ma mère posa sur mon lit une lettre


La vie est semée de ces miracles que peuvent toujours espérer les personnes qui aiment. Il est possible que celui-ci eût été provoqué artificiellement par ma mère qui voyant que depuis quelque temps j’avais perdu tout coeur à vivre, avait peut-être fait demander à Gilberte de m’écrire, comme, au temps de mes premiers bains de mer, pour me donner du plaisir à plonger, ce que je détestais parce que cela me coupait la respiration, elle remettait en cachette à mon guide baigneur de merveilleuses boîtes en coquillages et des branches de corail que je croyais trouver moi-même au fond des eaux. D’ailleurs, pour tous les événements qui dans la vie et ses situations contrastées, se rapportent à l’amour, le mieux est de ne pas essayer de comprendre, puisque, dans ce qu’ils ont d’inexorable, comme d’inespéré, ils semblent régis par des lois plutôt magiques que rationnelles. Quand un multimillionnaire, homme malgré cela charmant, reçoit son congé d’une femme pauvre et sans agrément avec qui il vit, appelle à lui, dans son désespoir, toutes les puissances de l’or et fait jouer toutes les influences de la terre, sans réussir à se faire reprendre, mieux vaut devant l’invincible entêtement de sa maîtresse supposer que le Destin veut l’accabler et le faire mourir d’une maladie de coeur plutôt que de chercher une explication logique. Ces obstacles contre lesquels les amants ont à lutter et que leur imagination surexcitée par la souffrance cherche en vain à deviner, résident parfois dans quelque singularité de caractère de la femme qu’ils ne peuvent ramener à eux, dans sa bêtise, dans l’influence qu’ont prise sur elle et les craintes que lui ont suggérées des êtres que l’amant ne connaît pas, dans le genre de plaisirs qu’elle demande momentanément à la vie, plaisirs que son amant, ni la fortune de son amant ne peuvent lui offrir. En tous cas l’amant est mal placé pour connaître la nature des obstacles que la ruse de la femme lui cache et que son propre jugement faussé par l’amour l’empêche d’apprécier exactement. Ils ressemblent à ces tumeurs que le médecin finit par réduire mais sans en avoir connu l’origine. Comme elles ces obstacles restent mystérieux mais sont temporaires. Seulement ils durent généralement plus que l’amour. Et comme celui-ci n’est pas une passion désintéressée, l’amoureux qui n’aime plus ne cherche pas à savoir pourquoi la femme pauvre et légère qu’il aimait, s’est obstinément refusée pendant des années à ce qu’il continuât à l’entretenir.

Prima Gilberte e poi Albertine, il protagonista-narratore insegue quasi angosciosamente l’eterno femminino, che però lo illude e delude continuamente. E’ proprio vero che in amore si rincorre soltanto il proprio sogno, e quando lo si raggiunge, che disinganno !

mercoledì 20 giugno 2012

Gioventù




Ansava il mare roco, e noi allora
alla lieve brezza d’un mattino
discutevamo. E breve in sogno
d’aurora il fulvo manto appariva
futuro. E già sorgeva il fascino lontano
d’eroi e di dee da te svelati
all’occhio ancora ignaro.
Erano quelli i volti d’antichi paradisi,
era l’immortale Valalla o il bronzeo Olimpo ?
Era d’allora il vero paradiso
solo l’incanto e l’ebbrezza dolce
di gioventù, un sorso di vita
nella celeste coppa degli dei.
Ma, o amico, per che ti dileguasti,
via svanendo nella notte perenne ?
Il sogno d’un Maestro forse su queste
rive aleggia, amico dei gabbiani,
errabondo compagno, un fantasma,
od un suono d’ombre sinuose.
Notte d’onde ed illune, oscure
ali di nottole, soltanto il moto
del mare e un lugubre rombo.




venerdì 15 giugno 2012

Icone






Quando fu alla riva udì una compagnia di fanciulle ridenti che scherzavano tra loro e la loro voce era una gioia di rondini in cielo.
S’adagiò sulla sabbia e sui ciottoli, e, nel blando tepore del tramonto, fu colto ancora da un profondo torpore simile a un sonno inquieto.
Nell’acque scorgeva il volto di mille uomini e donne, che lo miravano, inchiusi in quell’utero. Ed era un seguito di donne denudate, dai fluenti capelli neri, dal corpo pallido e saldo quasi avorio o candido marmo in cui sbocciavano le rose del grembo e neri crini velavano l’inguine. Ed ecco una donna dalla copiosa forma, dalla selvosa criniera rossa intrecciata di viole, che sorrideva ammaliante attorcendo le ciocche fulve tra le agili dita. Ecco una donna pingue, dalla capellatura adorna di preziosi, e ricca d’anelli, d’armille e di collane, dalla larga gola, dai seni flosci, dall’andatura imponente, dal cipiglio sovrano. E poi una vecchia, vizza e sul capo una trina di fili d’argento, dall’orbite incavate, dalle guance affossate, senza labbra. Una stoffa nerastra le copriva la sagoma, ma le si intravedeva un seno, un bulbo duro.
Una figura abbagliante, quale ambra irradiata, gli rivolgeva un sorriso e nel contempo si ravvolgeva nell’oscurità d’una selva buia e selvaggia, che solo un chiarore di luce aurorale timidamente violava.
Un leone gigantesco era ai suoi piedi, immerso nel sopore. Le grandi zampe giacevano immobili, soffici adornamenti in un tappeto vivente, la folta giuba si offriva come un morbido cuscino. Ella vi depose il suo candore, che tanto contrastava con l’irsuto pelo della fiera, e si addormentò, mentre la folta e lunga chioma si fondeva con la pelliccia brunastra.
Una nube fiottò da un incensiere. Una donna, vestita d’una stola bianca che le celava i piedi, si dispose poco discosto. E curiosamente lo guardava, maliziosamente, quasi che per la prima volta vedesse un uomo. Aveva un viso rotondo, le guance rosee, gli occhi neri e grandi, le sopracciglia lunate. La capellatura era raccolta e nera come la notte.
Sopra marmi puri, statuaria nella perfezione della sua nudità, una donna bellissima, dai crini crespi d’ebano, dalle ciglia ombreggiate di sopra al lungo taglio degli occhi, dal collo cinto da un colletto di triplice giro, sorreggeva con il braccio sinistro, all’altezza del capo, un pomo di bronzo, sul quale era infitta una vittoria alata, anch’essa di bronzo, che suscitava una singolare impressione, così com’era sollevata dal biancore di quella mano.
In un’altra icona, una femmina rossa, cui due bande di rubra criniera nascondevano le spalle e la parte superiore del petto, tranne le mammelle, nuda, nella mano destra una lente dal manico argenteo, lo fissava, appena svelando l’avorio dei denti tra tenui labbra avare. L’iride grigia sotto i sopraccigli era pervasa d’una luce crudele. Un pitone le vorticava intorno alle gambe.
In una seconda icona, in primo piano sovra uno sfondo d’alberi d’oro, una signora magra e leggiadra, dalla capigliatura cotonata, dalla carne delicatamente olivastra, dalle gote toccate da un soffio di rosa, socchiudeva gli occhi quasi in estasi. Le si vedevano gl’incisivi eburnei tra labbra un po’ riarse. Il collo era chiuso da un monile spesso, dorato e ingemmato, ma suggeriva il collare d’una schiava.
In un’altra icona, una dama semicurva, dalla chioma nera raccolta ma leggermente slacciata, schiudeva a metà palpebra, come una morta, l’iride castanea risaltata dall’ombretto. Un falso neo era apposto sullo zigomo sinistro. Il profilo del viso era mirabile, il naso sottile, lievemente incurvato, e un poco all’in sù sopra le narici voluttuose. Un’abbondante stoffa di tinta fosca di cenere calda, quale piumaggio di fagiano, le lasciava scoperte le coppe delle mammelle, corrette sotto da una striscia di seta. Quanto al resto, si mostravano solo le mani sottili e nervose, con i polsi inanellati, e la sinistra reggeva tra le dita attorcigliati i capelli d’un capo mozzo, dalle palpebre recluse. Alla base dell’icona era scritto : “ Giuditta “.
In un’alcova intima, tappezzata di velluto grigio piombo, impresso di fantasie verdecupo, dalla volta in lacunari, era un divano mascherato da una ricca copertura a fiorami, e sopra era una giovane dall’opulenta chioma, scriminata e rattenuta da fermagli in figura di conchiglia. Aveva orecchini di corallo che assorbivano l’incarnato delle labbra, collegate al naso breve da un breve solco. Gli occhi, grandi e grigioverdi, risaltavano sotto morbide ciglia non lunghe, com’è proprio del tipo biondo, e sotto una fronte seminascosta dalla fronda castana. Tra le spalle e il collo delicato, una lunga collana di coralli rifletteva il fascino dei labbri, posando sopra una pelle luminosa che s’alimentava del calore di quella chioma. Una veste, che pareva aver colore dal corpo che ospitava, se ne allontanava in doviziose pieghe ed enfiature eleganti, le maniche erano strette all’omero da un nastro, sul quale erano fiori di stoffa dal pistillo rosa e dai petali color seppia. Il tessuto era disegnato di larghe foglie di piante ignote che rifrangevano nel loro smalto la malìa di quel viso fatato e di quella fronda prodigiosa. Da esso uscivano tenui dita, l’una inanellata d’una pietra cinerea, l’altra d’un castone di rubini splendenti.
Gli pareva così di posare tra fiori rossi, immerso in una trama di steli, di respirarne il profumo e sognare.


giovedì 14 giugno 2012

Marguerite Yourcenar




Marguerite Yourcenar        Memorie di Adriano     Torino, Einaudi, 1992


Pag. 138, l’animo di Adriano :

Fu verso quell'epoca che cominciai a sentirmi dio. Non mi fraintendere: ero sempre, ero più che mai lo stesso uomo, nutrito dei frutti e degli animali della terra, che rende al suolo i resti dei suoi alimenti, sacrifica al sonno a ogni rivoluzione degli astri, irrequieto sino alla follia quando gli manca troppo a lungo la calda presenza dell'amore. La mia forza, la mia agilità fisica e mentale erano conservate accuratamente intatte, attraverso una ginnastica completamente umana. Ma che altro dirti, se non che tutto ciò io lo vivevo divinamente? Erano cessate le avventure temerarie della giovinezza, e quella urgenza di godere il tempo che passa. A quarantaquattro anni, mi sentivo senza impazienze, sicuro di me, perfetto quanto me lo consentiva la mia natura: eterno. E, comprendimi bene, si trattava d'un'ideazione dell'intelletto: i deliri, se devo assegnar loro questo nome, vennero più tardi. Ero dio, semplicemente, perché ero uomo.








Achille Campanile







Achille Campanile, Se la luna mi porta fortuna, Milano, Treves, 1927



Dal capitolo I :

E' un peccato che lo spettacolo della levata del sole si svolga la mattina presto. Perché non ci va nessuno. D'altronde come si fa ad alzarsi a quell'ora? Se si svolgesse nel pomeriggio o, meglio, di sera sarebbe tutt'altro. Ma così come stanno le cose, va completamente deserto ed è sprecato. Soltanto se un geniale impresario lo facesse diventare alla moda, vedremmo la folla elegante avviarsi di buon'ora in campagna per occupare i posti migliori; in questo caso, pagheremmo persino il biglietto, per assistere alla levata del sole, e prenderemmo in affitto i binocoli. Ma per ora allo spettacolo si trova presente qualche raro zotico che non lo degna nemmeno d'una occhiata e preferisce occuparsi di patate, o di pomodori.

E non soltanto gli uomini si disinteressano di questo spettacolo, specie dopo che i selvaggi adoratori del sole sono stati convertiti, ma anche le bestie. Qualcuno crede che il gallo saluti la levata del sole. E' un errore. Il gallo canta nel cuore della notte per ragioni sue, o, se crede di salutare la levata del sole, vuol dire che non ha la più lontana idea dell'ora in cui il sole si leva. Le altre bestie a quell'ora dormono, o se sono sveglie, brucano l'erba, o scorrazzano per i prati, o vanno a caccia, o fanno toletta, e s'infischiano della levata del sole. Non parliamo poi dei pesci che, di solito, se ne stanno tranquillamente sott'acqua. Loro non li smuovono nemmeno le cannonate; crolli il mondo, non c'è caso che s'affaccino per vedere che cosa stia succedendo. Bisogna tirarli fuori con le reti. Si penserebbe che gli unici a fare onore allo spettacolo siano gli uccelli coi loro canti, ma nemmeno per sogno. Gli uccelli cantano a tutte le ore e non si occupano affatto della levata del sole.

(Ma come sono stupidi gli uccelli! Non sanno fare altro che cantare. Si svegliano la mattina e il loro primo pensiero e di mettersi a cantare. Al tramonto, li trovate ancora che volano intorno alle vecchie torri e cantano. Ce ne sono di quelli che, invece di dormire, stanno tutta la notte sugli alberi a cantare, anche se nessuno li ascolti. Qualcuno passa la notte a fare sempre lo stesso verso e, peggio, qualche altro passa la notte a rifare questo verso, a cento passi di distanza. Li chiudete in gabbia e cantano, se la gabbia è appesa al davanzale, o se è dentro casa; volano in mezzo al cielo e cantano, vedono arrivare i cacciatori, coi fucili, i cani e i carnieri pronti, e cantano; quando hanno fame cantano e quando hanno mangiato cantano. E' impossibile farli tacere con le buone o con le cattive. Non ci si riesce nemmeno con le schioppettate.)